Description du livre
Il ne s'agit pas d'un roman ni d'un recueil de nouvelles; ce sont plutôt des chroniques, de brefs récits, abordant les thèmes qui intéressent Dany Laferrière et qui sont d'ailleurs récurrents dans son écriture.
« Le livre de Dany Laferrière, paru en 2001 chez Lanctôt Éditeur, n'est ni un roman, ni un recueil de
nouvelles, ni une autofiction, ni une autobiographie concise, mais plutôt - c'est ce qui fait son charme - un amalgame intelligent des quatre genres. On y retrouve des fragments d'impressions cocasses sur son passé d'écrivain ou de petit garçon de Port-au-Prince. Ce «zapping» s'avère résolument rapide, l'écrivain affirmant lui-même dans J'écris comme
ie vis (Lanctôt Éditeur, 2001) qu'il faut lire ses livres très vite pour se laisser gagner par le rythme soutenu du récit. Il ne s'apparente cependant en rien à un brouillage télévisuel, le morcellement par brèves pensées et courts chapitres masquant en fait la retranscription éphémère d'une aventure des plus spirituelles. Pour cela, l'auteur va puiser dans sa
mémoire des moments «anecdotiques» et d'autres plus «profonds» (même si cette distinction demeure toute relative) comme il irait prendre ses ouvrages préférés par-ci par-là dans une immense bibliothèque, en commentant ses choix à chaque fois et surtout, en saluant les connaissances qu'il croise d'une étagère à l'autre.
Pourtant, le livre de Laferrière ne fait pas l'impasse sur les problèmes [politiques d'Haïti et d'ailleurs, la colonisation, le racisme, etc.] plus graves [...]. Il aborde ces questions en passant par le filtre de la subjectivité d'écrivain, tout simplement, sans prétendre poser des vérités, en livrant seulement le témoignage d'une vie d'exilé. Son parcours et le récit qu'il en fait tendent à montrer à quel point le vrai cheminement est intérieur. Je suis fatigué, ou le récit du voyage initiatique d'un homme qui a (bien) vieilli et qui, à n'en pas douter, n'a pas fini de vivre... donc d'écrire! »
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dominique Frinta, CHOQ-FM, radio UQAM, 1800-01-01
« Lorsqu'en 2001 Dany Laferrière se déclare «fatigué», il est fatigué, certes, d'écrire, mais «fatigué surtout de se faire traiter de tous les noms: écrivain caraïbéen, écrivain ethnique, écrivain de l'exil» (p. 38). Et le lecteur à qui le monde laferrien est familier admettra facilement que ces catégories ne correspondent pas aux aspirations de l'auteur.
« [...] l'œuvre de Dany Laferrière, s'il faut la situer dans le champ littéraire du Québec, est l'un des exemples les plus fascinants de «l'écriture migrante», bien que les frontières entre les catégories ne soient pas imperméables. Si l'écriture immigrante renvoie davantage à des faits socioculturels, aux difficultés de l'immigration, au passé et à une prise de conscience parfois douloureuse du moi face à l'autre, la littérature migrante fait «migrer» les images «pour déjouer les stéréotypes et les clichés qui encombrent les œuvres». Dans ce jeu, l'appartenance nationale ne détermine plus l'identité culturelle. [...] Même si les littératures nationales réclament toujours leurs auteurs, ceux-ci ont de plus en plus tendance à passer à travers les mailles du filet. Et Dany Laferrière exprime cette réalité de la manière suivante, avec un clin d'œil complice: «Je suis trop ambitieux pour appartenir à un seul pays. Je suis universel.» »
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Ursula Mathis-Moser, Dany Laferrière. La dérive américaine, 1800-01-01