Entretien
Entretien avec Michel Dorais pour «Jeunes filles sous influence».
En quelques lignes, comment résumeriez-vous votre livre ?
J'ai voulu, en de très courts chapitres (le livre fait tout juste 100 pages), répondre aux questions que le public se pose le plus souvent en ce qui concerne le fonctionnement de la prostitution juvénile féminine, telle qu'elle est organisée et gérée par les gangs de rue, au Québec. C'est donc un portrait de la réalité, une description du phénomène, mais aussi une analyse de la situation : pourquoi et surtout comment les choses en sont arrivées là.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre et à le publier ?
À la suite, principalement, de l'enquête Scorpion menée à Québec, qui a entraîné l'arrestation de plusieurs jeunes proxénètes et de nombreux clients d'adolescentes, l'ampleur et la complexité du problème, à la grandeur du Québec, ont commencé à faire l'actualité. Cela dit, personne ne s'était encore penché sur le fonctionnement interne de ces réseaux. Quels types de jeunes filles sont recrutées ? Pourquoi tant de jeunes filles tombent-elles dans les filets des gangs de rue à des fins de prostitution ? Pourquoi des jeunes hommes membres de ces gangs exercent-ils autant d'attrait auprès de ces adolescentes ? Comment ces dernières sont-elles traitées ? Pourquoi la prostitution d'adolescentes est-elle devenue une source importante de revenus pour certains gangs de rue ? Qui sont les proxénètes ? Qui sont les clients ? Pourquoi est-ce difficile de démanteler ces réseaux ? Etc.C'est à partir de telles questions que j'ai mené cette réflexion, que j'ai passé en revue la documentation (en français et en anglais), discuté avec des intervenants qui luttent contre la prostitution juvénile ou contre les méfaits des gangs de rue et, dans la mesure du possible, tenu compte de l'expérience de vie même de quelques jeunes concernés ou de leurs proches. Mon but était de comprendre la dynamique du phénomène de la prostitution juvénile au sein des gangs de rue. Comment cela se passe-t-il ? Pourquoi cela se passe-t-il de cette façon ? Qu'est-ce qui motive les acteurs en cause, qu'il s'agisse des jeunes proxénètes, des jeunes filles qu'ils prostituent, des clients ou des organisations criminelles avec lesquelles les gangs de rue font affaire afin d'entretenir ce lucratif marché du sexe ?
À votre avis, à qui votre livre s'adresse-t-il ?
Écrit dans une langue accessible, Jeunes filles sous influence intéressera toute personne que le sujet interpelle. En particulier les parents, les intervenants sociaux, policiers ou communautaires, les enseignants, et sans doute bon nombre de jeunes. C'est un ouvrage qui entend informer, mais aussi conscientiser. C'est en connaissant mieux un problème que l'on peut arriver à mieux le prévenir.
En quoi se distingue-t-il si on le compare à d'autres livres traitant du même sujet ?
À ma connaissance, il n'existe aucun autre ouvrage, en français comme en anglais, traitant spécifiquement du problème de la prostitution juvénile associée aux gangs de rue.
Quels sont vos rituels d'écriture ?
La discipline, au quotidien, et la passion pour le travail à faire, autant à l'étape de la recherche qu'à l'étape de la rédaction.
Quels sont les écrivains et les œuvres qui vous ont le plus marqué ?
Contes et romans de Voltaire est mon livre favori, je l'ai relu un nombre incalculable de fois. J'aime la concision, le sens de la formule et l'humour de l'auteur, du moins dans ces textes-là, en tous points remarquables. Côté essais, j'aime bien les grands vulgarisateurs scientifiques. L'Américain Daniel Boorstin me semble être un modèle insurpassable. Il a longtemps dirigé la bibliothèque du Congrès à Washington, que l'on dit être la plus grande bibliothèque au monde.
Qu'est-ce qui vous passionne ?
Mon travail est ma passion. Je suis heureux d'être professeur-chercheur et de pouvoir (de devoir aussi, de mon point de vue) transmettre les résultats de mes recherches. J'ai eu la chance, de surcroît, de voir quelques-uns de mes ouvrages remporter un certains succès, au Québec comme à l'étranger, et être traduits, notamment en anglais ; ce fut et c'est encore une grande motivation et une fierté pour moi.
Quels sont vos projets ?
Il y en a plusieurs en friche ; je ne sais jamais d'avance lequel l'emportera…
Avez-vous une adresse électronique où vos lecteurs peuvent vous écrire ?
michel.dorais@svs.ulaval.ca
<< Retour